

Ziguélé dénonce les absences de l'État dans certaines zones
C'est un véritable caucvhemar que vivent les paysans de Ouham-Pendé, vers Bocaranga. Sur les petites routes reliant Bétoko, Bemal ou à la frontière tchadienne, des barrières illégales sont dressés pour bloquer leurs déplacements. Tenues tantôt par des soldats ou des rebelles des 3R, à ces barrières, ils imposent des taxes sur tout : manioc, poulets, cabris, même les piétons. Martin Ziguélé, député de Bocaranga 3, raconte : « Tout ce qu’un homme, une femme ou un enfant transporte est taxé. » Pour éviter ces rackets, certains prennent des chemins de brousse, mais c’est chopse risqué. Là, ils peuvent tomber sur les 3R, un groupe armé qui rôde dans la zone. Les autorités promettent de supprimer ces barrières, mais rien ne change dans ces zones reculées. « Pourquoi certaines régions sont-elles laissées à l’abandon ? » s’interroge Ziguélé, pointant une justice à deux vitesses. À cette misère s’ajoutent les pillages des mercenaires Russes, alliés des Forces Armées Centrafricaines (FACA). À Koulbame 2, le 6 juin 2025, ils ont défoncé des portes, saccagé des maisons et volé tout ce qui avait de la valeur, même l’argent de l’église. Quelques jours plus tard, à Bomboussi et encore à Koulbame 2, les mêmes scènes se répètent. Ces raids, presque quotidiens, terrifient les villageois. Les troupeaux de bétail, qui traversent la région pour la transhumance, attirent aussi ces violences. « Les richesses attirent les bandits et les mercenaires, » explique Ziguélé. Mais les FACA et leurs alliés russes ne contrôlent pas la situation. Leurs interventions, rares et désordonnées, ne calment pas les tensions. Les habitants se sentent abandonnés, livrés à la peur. La transhumance, autrefois paisible, est devenue un fléau. Les bouviers, armés et agressifs, laissent leurs troupeaux dévaster les champs de manioc, l’aliment de base des Centrafricains. Ils arrachent même les racines pour nourrir leurs bêtes, détruisant toute chance de replanter. À Bocaranga, une cuvette de manioc coûte maintenant 4000 francs CFA, contre 750 il y a un an. À Paoua, c’est 4500 francs, contre 700. « Si rien n’est fait, le manioc va disparaître, » alerte Ziguél Les autorités locales semblent dépassées. Malgré les annonces de comités pour démanteler les barrières, celles-ci restent en place. Les FACA, basées à Bocaranga depuis 2019, manquent de véhicules et d’équipements pour agir. Les mercenaires russes, censés aider, aggravent souvent les choses avec leurs pillages. Les rebelles des 3R, eux, profitent du chaos pour contrôler des zones entières. Que faire en de telles situations, en sachant que lÉtat central est dépasséet faute de mieux, il eb est réduit à consdtater. Martin Ziguelé dénonce ce vide : « Où est l’État ? Pourquoi les paysans sont-ils laissés seuls face à la violence ? » Les habitants, désarmés, n’ont aucun moyen de se défendre. Cette impunité alimente un sentiment d’injustice et d’abandon.
Albert FALL
Analyse par : Fatima LAMINE Hebdo l LAMINE MÉDIA
Date : Le 12 Juillet 2025
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