Le deal avec les Russes

Pour Faustin-Archange Touadéra, le deal est facile : la sécurité Présidentelle, l’encadrement de l’armée nationale (les FACA) et la sécurisation du pays, le tout conduite par les mercenaires Russes de Wagner, contre des droits d’exploitation sur plusieurs sites miniers, forestiers et agricoles. Parmi les cas les plus emblématiques, la mine d’or de Ndassima, exploitée par Lobaye Invest, une société écran liée à Wagner, symbolise la mainmise des Russes sur les ressources stratégiques du pays. À cela s’ajoute la présence croissante des Russes dans les zones diamantifères de l’est du pays, notamment dans les préfectures de la Vakaga et de la Haute-Kotto. Dans ces régions, les populations locales sont fréquemment déplacées de force, les villages incendiés ou vidés de leurs habitants pour sécuriser les sites convoités. Les témoignages recueillis dans plusieurs enquêtes, notamment celle de The Sentry et Crisis Group, révèlent un usage systématique de sociétés de façade, souvent enregistrées au nom de proches du pouvoir ou de ressortissants russes, pour coincemasquer les liens avec Wagner et éviter tout contrôle extérieur. En parallèle, les élites de Bangui se retrouvent prises dans un système de dépendance: leur loyauté politique est rétribuée par une part des revenus extraits, renforçant ainsi un régime autoritaire et clientéliste. Or, sur le terrain, cette économie de guerre se traduit par une recrudescence des actes de violence sur les civils. Par exemple en décembre 2021, l’attaque du village de Boyo dans la préfecture de la Ouaka, orchestrée avec par les Russes de Wagner, a entraîné la mort d’au moins vingt personnes, le viol de cinq femmes, le déplacement de milliers d’habitants et la destruction de plus de 500 habitations. À Mboki et Koumboi, des évictions massives ont également été documentées, avec pour objectif non dissimulé de sécuriser des zones minières. Ces exactions s’accompagnent de recrutements forcés de jeunes Centrafricains pour surveiller ou exploiter les sites contrôlés par les Russes. Certains de ces jeunes, surnommés les « Russes noirs », auraient même été envoyés en Ukraine, selon des enquêtes relayées par Deutsche Welle, avant de disparaître sans laisser de traces. Mais voilà, patatras, Moscou veut reprendre la main en Centrafrique, et envisage de remplacer les mercenaires Russes par l’Africa Corps, qui ne fera qu’officialiser la mainmise militaire du Kremlin sur les opérations africaines. Ce nouveau groupe paramilitaire est directement piloté par le ministère russe de la Défense et là, pas de troc, Touadéra devra payer cash tous les mois. Touadéra a beau louvoyer, où trouvera t'il l'argent ? Pour le moment ça coince en attendant une solution valable pour les deux partes.

Isabelle DUTHEIL

For: FatimaLAMINEHebdo

Date: September 6, 2025

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